Friday, March 31, 2006

Extrait vidéo

Thursday, March 30, 2006

Affiche

Le Soucide Collectif

Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt
Créé par Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon

Comédiens: Nicola-Frank Vachon, Catherine Dorion, Serge Bonin
Metteur en scène: Marc Doré
Costumes: Virginie Leclerc
Décor, éclairage: Vanessa Cadrin
Régie éclairage et son: Jean-Michel Déry
Montage musical: Nicola-Frank Vachon
Graphiste: Nicola-Frank Vachon



Le Soucide Collectif S.E.N.C.
540, rue Turgeon, app. #2
Québec, Qc
G1K 5R9

(418) 554-3532
soucidecollectif@mac.com
Site Web
Blogue

Catherine Dorion, Virginie Leclerc et Nicola-Frank Vachon



Catherine Dorion

Nicola-Frank Vachon

Serge Bonin

Virginie Leclerc

Vanessa Cadrin

Marc Doré

Critiques

VOIR

30 mars 2006

Funambules
Marie Laliberté

Qui est fou? Qui est sage? Quelle que soit la réponse, ce spectacle lumineux montre la lune - sa poésie, son isolement -, et touche l'indicible.

Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, création du Soucide collectif, réserve une des bien belles surprises de l'hiver théâtral.

Spectacle créé et interprété par Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon, mis en scène par Marc Doré, Quand le sage pointe la lune... offre un voyage dans l'univers de clowns attachants et railleurs, entre naïveté, ironie et inquiétude, rire et gravité. Difficile de résumer la pièce. Succession de tableaux, entre lesquels se tisse la trame de quelques thèmes récurrents, le spectacle s'organise surtout autour des trois acteurs et de leur alter-ego - le nôtre aussi - au nez tout rond. Avec une légèreté parfois étonnée, les clowns suaves campés par ces trois comédiens visent avec aplomb des questions graves: la mort, l'amour, la solitude, les dérapages de notre société occupée, individualiste et matérialiste. Tout ça, et plus, avec l'air de ne pas y toucher, dans un foisonnement d'images et de fantaisie, des morceaux de poésie pure et de récupération - à l'instar du très beau décor de Vanessa Cadrin, montagne d'objets hétéroclites, rebuts d'une société moderne gâtée, repue. Fil conducteur: le quotidien, ses petits gestes, qui nous ancre dans le réel et parfois, nous y retient.

Prologue sur une scène parodique où se succèdent les demandes - d'emploi? de subvention? - se butant constamment au refus catégorique, au nom des valeurs d'efficacité, de performance. Comme son envers, la scène suivante, véritable ouverture du spectacle, nous montre les clowns, trois fous magnifiques qui, avec musique et objets, installent un univers improbable - le leur -, étrange, rapiécé et éblouissant, dans lequel ils nous invitent à plonger. Le jeu clownesque et ses représentants, excellents, nous emmènent ailleurs, totalement, tout en nous parlant de nous, de notre vie, avec ses tristesses, ses mesquineries, ses éclats de rire et malgré tout, son émerveillement.

Malgré quelques scènes un peu moins réussies, cette création étonne, fait rire, interroge et émeut profondément. Quand le sage pointe la lune... a la beauté absurde du rêve, sa force prégnante et, comme lui, nous poursuit bien après le réveil par des impressions diffuses, mais combien précieuses. Et ne nous lâche plus.


SOLEIL

25 mars 2006

Des nouvelles de la planète bleue
Par Jean St-Hilaire

Facultatif à la naissance, le faux nez rouge est obligatoire à l'âge de raison, que dire à l'âge de déraison! C'est par convention qu'on ne le porte pas. La courte vue, l'amnésie, les pitreries et les turpitudes sévissent trop partout pour qu'on ne soit pas tous plus ou moins dignes du lumignon. Par complaisance et orgueil, nous réservons cette mission expiatrice aux clowns.

Trois représentants de leur confrérie font rapport au studio de Premier Acte jusqu'au 8 avril. Attention, c'est sérieux. Sous la direction avisée de Marc Doré, disciple de Jacques Lecoq qui a cartographié le gouffre entre la prétention et le «savoir-être» des humains, Serge Bonin, Catnerine Dorion et Nicola-Frank Vachon livrent une captivante anthologie personnelle des maux de l'âme et de cette verruqueuse planète que devient la nôtre.

En regard du fond comme de la forme, leur spectacle est très varié. Il intègre le mime, le clown et le bouffon, à ne pas confondre ces deux derniers, le bouffon étant ce clown défroqué passé maître dans l'art de faire souffrir comme de flatter les autres clowns. Il est aussi ironique, mordant même, un trait très bien inscrit dans l'enveloppe visuelle du spectacle. Loufoques, les costumes de Virginie Leclerc crient l'envie d'être original, le dilemme impossible d'être in en restant unique. Ce sont des accoutrements d'un clownesque réussi. Éloquent lui aussi, le décor de Vanessa Cadrin est une Gaïa au vilain teint, une Terre ployant sous les gadgets de la surconsommation et qui tend ses excroissances vers les cintres, comme en supplication. C'est un fouillis à l'image du flou intérieur de ses habitants.

Le morceau n'est pas toujours, loin de là, la thèse brutale et verbeuse que peut laisser croire notre description. On procède par évocation et suggestion dans plusieurs tableaux. Ainsi, la saynète entre un clown assis et suffisant et un clown debout et surmené parle t-elle clairement d'asservissement et de pauvreté sans jamais prononcer ces mots. Directe dans son évocation, très poétique, comme plusieurs passages de ce spectacle aux métaphores ardentes, celle sur le «soucide» établit avec une désinvolture bien dosée un lien transparent entre le désespoir suprême et le besoin d'amour.

Il y a des répits. Dans un numéro de mime tordant, Nicola-Frank Vachon dépeint l'effet produit sur un auditeur concentré et ultrasensible par un morceau de violon très modulé. Parfois, attitudes et mots accusent la cruauté, comme dans ce passage où une vedette croise une vieille connaissance impressionnable.

De qui parlent ces clowns qui clavardent, déforment les mots, se répètent, associent les idées de façon farfelues; ces clowns et bouffon qui jouent la séduction, l'amour, le mensonge, la rupture, la solitude des «pas là», l'«individualite» et l'«écœurite» aigües, et qui par bribes de phrases assassines glorifient la consommation et sa frénésie, malgré l'assurance de ne jamais devenir «complets»? De qui parlent-ils sinon de nous?

Avec énergie, perspicacité et talent, ils braquent leur téléscope sur notre obsession de la conquête de l'inutile et notre habileté à rester aveugles à l'essentiel. Chaudement recommandé à qui attend du jeu théâtral qu'il déjoue les apparences.


IMPACT CAMPUS

28 mars 2006

Sweet Trash Clowneries

par Josianne Desloges - Arts et spectalces

Les trois clowns de la troupe Le Soucide Collectif s’en donnent à cœur joie sur les planches de Premier Acte. Le spectacle Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt allie clowneries et cynisme dans des numéros aux thématiques sociales et humaines!

Marc Doré signe une mise en scène chargée et intelligente, c’est «exprès plein de trous, de manques, qui [nous] font une place». Les interprètes passent constamment du clown, mignon, un peu naïf, à fleur de peau, en manque chronique d’affection, à l’automate cynique, plus froid, plus rationnel et pathétiquement pathétique. Les «Là» et les «Pas Là» pour reprendre la magnifique fable finale de la pièce, racontée par la comédienne Catherine Dorion à une poupée qui lui ressemble étrangement.

Les sketchs en solo, en duo et en trio s’enchaînent à un rythme effréné. Quiproquo, triangle amoureux, jeux enfantins, saga bureautique, tout y est pour former un spectacle divertissant, varié et hilarant. Et en plus, on réfléchit ! Suicide (ou soucide), mort, maladie et névroses existentielles sont au cœur de la pièce éclectique qui nous parle de nous avec franchise, brusquerie, mais aussi avec beaucoup de sensibilité. Il faut voir les deux comédiens diagnostiquer une «individualité» à leur consœur! La scène où les trois personnages, corde de pendu et médicaments en guise de collier funèbre, se disputent pour mourir est, littéralement, à mourir de rire. Nicola-Frank Vachon livre une performance à couper le souffle lorsqu’il interprète une pièce de musique classique avec… son corps! Contorsions faciales, œillades dramatiques, gigue de babines, tout y est et le public est plié en deux.

Le décor de Virginie Leclerc, un amalgame d’objets et de meubles qui semble émerger du carrelage de boîtes de cartons, est une ressource inépuisable d’accessoires loufoques. Les comédiens utilisent tour à tour télévision, cuvette («le monde fait vraiment ch…!»), fauteuil (modifié habilement en vieille dame aplatie), poupée, cahier, seaux, alouette dans les dialogues et les pantomimes. Lorsque les différents seaux sont manipulés pour représenter une multitude de coïts (avec condom géant, crème fouettée et tout ce qu’on peut imaginer) l’absurde atteint son paroxysme.

Le spectacle Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt tient à la fois de la chronique sociale, du délire circassien et du pur plaisir théâtral. Les trois jeunes interprètes, aussi concepteurs des textes et délires, sont bourrés de talent. Le tout est poétique, comique, cynique et compose un joyeux fouillis bien huilé dont on sort exténué et revigoré.


Monthéâtre.qc.ca

1er avril 2006

par Yohan Marcotte

Ce spectacle vous sert de la folie en vrac. Trois clowns de théâtre disjonctés font une ronde et nous entraînent dans leur univers d’aliénation et aussi de créativité. Le décor qui est une accumulation d’objets divers sert de tremplin à l’imagination des trois comédiens. Parfois leur jeu devient très visuel : on s’amuse à créer des images en assemblant la matière disponible sous la main. D’autre part, le délire est aussi de l’ordre du langage. Il y a, entre autre, cette séquence où on vante l’importance d’avoir du « pow » et à partir duquel son, on fabrique les jeux de mots les plus farfelus.

À cette folie s’ajoute le regard sur ce qui rend fou, ce monde installé autour de nous. Les relations humaines, la solitude, la bureaucratie, l’amour sont tour à tour les déclencheurs des mécanismes de survie du trio de clown. Passant de moments cabotins à des moments tendres et même émouvants, Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon portent ce spectacle avec brio, dévoilant toute la gamme de leur talent. Le public ressent le plaisir que ce trio éprouve à jouer ensemble. Eux-même créateurs du spectacle, ils ont un regard particulier et surtout une manière originale de représenter l’existence. Ils sont aussi bien à l’aise avec la panoplie de propos qui constitue la mosaïque de ce spectacle échevelé. D’ailleurs, bien que ce spectacle soit court, environ une heure trente, il gagnerait en vigueur en resserrant quelque peu le nombre d’escapades que trace ce texte non-linéaire. Une réorganisation des séquences pourrait être un atout afin de permettre une certaine montée dramatique plus concise. Dans le présent spectacle, on sent que la recette s’étire à partir des deux tiers de la représentation.

Tout de même, il faut féliciter le tonus qu’a su insuffler Marc Doré à la mise en scène de ce spectacle, incarné de façon simple et juste par les comédiens. Plusieurs petits détails qui sont autant de trouvailles, tel le fauteuil funéraire, mais surtout l’incontournable prestation de Nicola-Frank Vachon en chef d’orchestre qui « dirige » la musique à partir de l’expression de son visage. Un tour de force qui suscite des applaudissements bien mérités.

Parfois sombre et parfois lumineuse, cette production fait du bien à l’âme. Elle permet de se placer à proximité d’une légèreté qui n’a rien de simpliste. On ouvre beaucoup de fenêtres. Sans aller à fond de tous les sujets abordés, le spectateur rencontre de la matière à digérer pour quelques temps. Payez-vous du bon temps avec ces gens au regard innocent et pas bête.

Commentaires du public

(ces commentaires sont tirés du site voir.ca et de la boîte prévue à cet effet à la sortie de la salle)

Quand le fou regarde le doigt, le sage en profite pour décrocher la lune

Dès les premiers instants de cette pièce, l'énergie athlétique et artistique des acteurs se fait sentir, leurs présences herculéennes et les bizarres et farfelus jeux d'acteurs sont éblouissants et très amusants. Heureusement car le rythme du scénario est rapide, saccadé et souvent expéditif. Tel un spectacle pour enfants, l'humour est léger et les bouffonneries improvisées se multiplient à la vitesse de l'éclair. De façon magistrales et parfois même géniales; les pirouettes, les contorsions, les mimes musicaux où physiques, les sauts et les culbutes arrivent et coulent merveilleusement bien avec des sujets pourtant sérieux et même parfois des plus tragiques. L'un des acteurs/bouffons s'est presque mérité un standing ovation en plein milieu du spectacle. À la fois tordantes et déchirantes, les toiles de fonds de cette œuvre sont traitées en profondeurs avec des réflexions socialement réalistes et d'actualités. Consommation excessive, pollution, famille éclatée, sexualité délabrée, échec relationnel, absence parentale, suicide et pédophilie. Le décor d'entrepôt / dépotoir cadre à merveille avec les thématiques et les visées morales de cette production. J'imagine cette production jouée devant le plus de jeunes possibles sous forme de sorties pédagogiques et ce, organisées par les plus allumés des enseignants. Tout y est sauf bien sûr ces petites choses, celles-là même dont chaque jeune devrait vivre, apprendre ou rêver et à l'opposé des sujets traités, cette production mérite tout les Respects du monde.

Jean Girard

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Le Masque de la meilleure production


Je m'attendais à autre chose mais j'ai eu mieux, bien mieux. Avec pour décor un tas de meubles et d'objets dignes d'un fond de garage, s'enchaînent entre eux des tableaux où un mot-clé nous intègre dans le prochain. En empruntant l'essence de la nature clownesque, le texte est complètement loufoque, absurde dans le bon sens, archi drôle où les jeux de mots sont légions. Notre grand Sol, Marc Favreau, aurait été fier d'eux. Le geste est proche de l'enfant dans sa naïveté et dans son extraversion.

On y traite de la surconsommation causée par de faux besoins matériels via les magouilles peu orthodoxes de certains individus peu scrupuleux, de la mort, des relations amoureuses, d'une pop-rock à l'égo gonflable se perdant à force de se prendre pour quelqu'un d'autre et dont ses proches ne reconnaissent plus, du suicide par la pilulaire ou par manque d'amour. Tout est présenté dans la légèreté et le drôlesque. La performance de Nicola-Frank Vachon, en chef d'orchestre mimant une musique classique, est totalement hilarante où toute la salle s'est bidonnée de son début et jusqu'à l'en l'applaudir à la fin.

Les 2 autres acteurs, Catherine Dorion d'un grand charisme et Serge Bonin me rappelant Gobelet, sont tout aussi excellents. La complicité entre eux est fluide et le plaisir qu'ils ont à jouer est palpable. Tous les autres qu'on ne voit pas on fait un excellent boulot. Courez vite voir ce petit bonheur et amenez vos ados. Ce serait la pièce toute désignée pour les introduire au théâtre. J'ai adoré et donne plus qu'un 5 étoiles !

Colette Babeu

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Un fou sage


J'ai été emballée par les propos de la création Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt. Une pièce miroir de notre société de consommation dont on doit avoir la "sagesse" de rire pour ne pas virer fou. Des clins d'oeil sur la difficulté des relations, homme-femme, clowesque mais non moins très sérieux. Des envolées musicales, des bruits hétéroclites, un décor absurde, chargé et sale mais dont il faut être capable de saisir l'essentiel pour trouver un sens, un peu comme dans notre vie dans cette société matérialiste, pressée, tordue qui se cherche depuis la nuit des temps...sous le regard moqueur de la lune.

Jacqueline Laliberté

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Douce folie grave aux accents absurdes aigus. Magnifiquement interprété. D’une grande beauté.

Jacques Roy, Québec

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Hummph! Je suis soufflé! Merci de cette audace!

Ghislain Bédard, Limoilou

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Tout plein de poésie, merci!

Geneviève Saladin, Québec

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C’est complet, merveilleux, rigolo...une détente qui fait réfléchir.

Jessica Roy

Articles journaux

LE SOLEIL

http://www.cyberpresse.ca/article/20060320/CPSOLEIL/60320205/5154/CPSOLEIL

Lundi 20 mars 2006

La candeur démasquante du clown
Jean St-Hilaire
Le Soleil
Québec

Ils sont tombés accros du clown rue Mont-Carmel. En peu de temps, au début d’une fréquentation de trois ans d’un professeur de peu de mots, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon se sont fait un mantra d’une de ses consignes dans l’approche du genre : « Le jeu est plus fort que vous, faites confiance au jeu. »

Ce soir, dans une mise en scène de ce professeur, Marc Doré, héritier de l’art de Jacques Lecoq, nos jeunes comédiens du cru 2004 du Conservatoire d’art dramatique de Québec et un collègue d’une précédente promotion, Serge Bonin, créent au studio de Premier Acte Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt. Assise face au décor, un bric-à-brac symptomatique de la vaillante agitation des hommes, Mlle Dorion ne récuse pas sa promesse rédigée pour le programme de la saison de Premier Acte : Quand le sage... est toujours « un voyage vulgaire et poétique dans nos contrées immédiates ». Une virée dans le risible au propos difficile à décrire, à cause de la nature même du clown.

« Le clown ne réfléchit pas », rappelle Catherine Dorion. Il n’est pas mû par la logique psychologique, il musarde, il va au gré de sa fantaisie. Il s’enflamme pour le détail qui lui voile les vaste enjeux du monde. Comme nous tous... dira-t-on.

« Il n’est pas intelligent, mais ce qu’il fait ouvre à des choses intelligentes, ajoute-t-elle. Bien que du premier niveau, son langage recouvre des états complexes. Le clown arrive même à passer des idées profondes sans dire un mot. » Le spectacle comprend d’ailleurs « des numéros complets où rien n’est dit, où tout est joué ». Le bouffon a aussi son mot à dire. Moins candide que le clown, il se reconnaît au plaisir malin qu’il prend à imiter les travers des humains.

Rien de philosophique, rien d’intellectuel, que du théâtre dans ce spectacle, si ce n’est qu’« à l’inverse du théâtre “normal” où le jeu est au service du texte, là, c’est la parole qui est au service du jeu », dit Mlle Dorion.

La nuance est plus vite énoncée qu’admise. À l’envie fervente de cette création collective a suivi le doute. La pensée résistait, de quoi allait-on parler ?

« Marc nous rassurait : si vous l’avez dans le cœur, ça va sortir en impro, dit la comédienne qui a grandit dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Notre spectacle est comme un melting pot de ce qui nous habitait quand on a improvisé les scènes. »

Travailler sur soi

Grande fille intense habitée par une foule d’intérêts et « la phobie de perdre mon temps », Catherine Dorion avoue avoir commencé à aimer le théâtre au Conservatoire même. « C’est là que j’ai vu comme ça pouvait être dense, que j’ai compris ce que c’est que de travailler avec le matériau le plus mouvant et le plus difficile à contrôler, ton propre être. »

À défaut de comédie, elle se serait dirigée vers le baccalauréat en relations internationales. Après des études collégiales en lettres, elle est partie en Europe en se disant que ses auditions dans les écoles de théâtre resteraient vaines. Elle ne croyait rentrer que dans six mois, il lui a fallu rappliquer quatre mois plus tôt, le CADQ l’acceptait.

Elle a joué jusqu’ici dans Cul sec, d’Archambault ; George Dandin, aux Fêtes de la Nouvelle-France et dans Phèdre et autres labyrinthes, de Ximena Escalente, à Premier Acte. Elle fera ses débuts au Trident la saison prochaine. À la télé, elle joue dans L’Auberge du chien noir. À la fin de la présente saison, au Périscope, elle évoluera dans un autre théâtre, Les Cercueils de zinc, pièce écrite par Svetlana Alexievitch à partir de témoignages de soldats soviétiques engagés en Alghanistan. Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt est une création du Théâtre le Soucide collectif scénographié par Virginie Leclerc et Vanessa Cadrin. Jean-Michel Déry assure l’assistance à la mise en scène. À l’affiche jusqu’au 8 avril. Réservations au 643-8131.


VOIR

http://www.voir.ca/artsdelascene/artsdelascene.aspx?iIDArticle=40854

6 mars 2006


L'attaque des clowns
Josiane Ouellet

Marc Doré: «C'est une sorte de jeu de massacre, mais assez joyeux quand même, assez sportif.»

Connaissant le penchant de Marc Doré pour le jeu clownesque, trois de ses anciens étudiants du Conservatoire l'ont invité à monter un spectacle. Improvisation mixte.

Alors qu'ils avaient envie de travailler le jeu clownesque, Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon ont eu l'idée de faire appel à Marc Doré, leur ancien professeur en la matière, pour diriger un projet y étant consacré. "C'est le jeu, c'est-à-dire que c'est l'acteur roi, lance le metteur en scène à propos de ce qui l'attire dans ce type de théâtre. Comme on part d'improvisations, le jeu nous guide. On dit qu'il est plus intelligent que l'acteur. Donc, il s'agit de le laisser aller." Pour ce faire, il suffit de mettre les comédiens en présence. "Par le fait qu'il y a quelqu'un dans un espace et qu'un autre arrive, il y a tout de suite une situation, explique-t-il. On ne s'est jamais dit: "On aimerait parler de tel ou tel sujet." Moi, mon attitude, c'est: "Si vous avez des choses importantes à dire, elles vont sortir, il ne faut surtout pas le décider." Alors, c'est de mettre l'inconscient en marche. Comme a dit quelqu'un: "Les pièces, on devrait les répéter d'abord et les écrire ensuite." Eh bien, c'est ce qu'on a fait!" s'exclame-t-il avant de poursuivre: "Et comme j'avais affaire à trois comédiens-auteurs, ça ajoute une certaine qualité, c'est-à-dire qu'après les improvisations, on peaufinait les scènes en les écrivant. Moi, ma job, c'était de les garder à l'intérieur de la proposition, de la pousser plus loin et d'avoir un oeil sur l'écriture pour enlever les scories."
Ainsi naissait Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, spectacle

dont l'appellation, datant de l'époque des demandes de subventions, n'a pas vraiment de rapport avec le contenu. "Dans la nouvelle affiche, c'est barré, et en dessous, il y a quelqu'un qui a rajouté: "Il a bien le droit", pour montrer qu'on s'en fout pas mal de ce titre-là", commente-t-il. En fait, il ne leur serait probablement pas beaucoup plus aisé d'en trouver un aujourd'hui, la production demeurant pour le moins difficile à décrire. "C'est assez disjoncté, résume-t-il. Ce n'est pas une pièce... Enfin, c'est peut-être une pièce, mais ce n'est pas construit comme une pièce. On déstructure un peu la façon habituelle de faire du théâtre. Mais c'est un spectacle de théâtre puisqu'il y a des acteurs, du mouvement, un peu de danse et de l'humour, aussi. C'est à la fois léger et grave. Par contre, il n'y a pas d'histoire et pas vraiment de personnages, mais les thèmes, c'est la difficulté d'être là et l'accumulation de gadgets. N'empêche, ce dont on parle, on l'a camouflé. Parce qu'autrement, les évidences, les clichés, tout le monde s'y retrouve un peu facilement. Ici, il y a un petit effort à faire de la part du spectateur. Il est convié à utiliser sa créativité. Aussi, comme il n'y a pas de personnages, on joue avec le temps, on casse le temps." Enfin, ce spectacle court, qu'il a voulu rythmé et axé sur le mouvement, se déroule autour d'un amas d'objets, structure dans laquelle les comédiens vont piger ce dont ils ont besoin. "C'est comme les déchets de la société, c'est un peu trash", ajoute-t-il. Expression qui, entre l'éclectique et le décapant, semble également bien s'appliquer à ces clowns. À ne pas confondre avec ceux du cirque.

Photos













Wednesday, March 29, 2006

Photos - Behind the scene

Dans ses yeux on peux voir «I'll be back».

Petit sourire qui en sait plus qu'il n'en dit.

Marc Doré


Envie nucléaire

Putain mais ça chauffe ce truc.

C'est moi.

C'est ça.

Besoin d'une pause.

En construction.

Tests d'éclairage.

Le plancher des vaches.

C'est d'même.

Le doute qui nous suit tout au long d'une création.

Travail de table chez Marc Doré.

Un des premiers laboratoires d'improvisation. Marc Doré et Virginie Leclerc observent le tout.