Thursday, March 30, 2006

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LE SOLEIL

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Lundi 20 mars 2006

La candeur démasquante du clown
Jean St-Hilaire
Le Soleil
Québec

Ils sont tombés accros du clown rue Mont-Carmel. En peu de temps, au début d’une fréquentation de trois ans d’un professeur de peu de mots, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon se sont fait un mantra d’une de ses consignes dans l’approche du genre : « Le jeu est plus fort que vous, faites confiance au jeu. »

Ce soir, dans une mise en scène de ce professeur, Marc Doré, héritier de l’art de Jacques Lecoq, nos jeunes comédiens du cru 2004 du Conservatoire d’art dramatique de Québec et un collègue d’une précédente promotion, Serge Bonin, créent au studio de Premier Acte Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt. Assise face au décor, un bric-à-brac symptomatique de la vaillante agitation des hommes, Mlle Dorion ne récuse pas sa promesse rédigée pour le programme de la saison de Premier Acte : Quand le sage... est toujours « un voyage vulgaire et poétique dans nos contrées immédiates ». Une virée dans le risible au propos difficile à décrire, à cause de la nature même du clown.

« Le clown ne réfléchit pas », rappelle Catherine Dorion. Il n’est pas mû par la logique psychologique, il musarde, il va au gré de sa fantaisie. Il s’enflamme pour le détail qui lui voile les vaste enjeux du monde. Comme nous tous... dira-t-on.

« Il n’est pas intelligent, mais ce qu’il fait ouvre à des choses intelligentes, ajoute-t-elle. Bien que du premier niveau, son langage recouvre des états complexes. Le clown arrive même à passer des idées profondes sans dire un mot. » Le spectacle comprend d’ailleurs « des numéros complets où rien n’est dit, où tout est joué ». Le bouffon a aussi son mot à dire. Moins candide que le clown, il se reconnaît au plaisir malin qu’il prend à imiter les travers des humains.

Rien de philosophique, rien d’intellectuel, que du théâtre dans ce spectacle, si ce n’est qu’« à l’inverse du théâtre “normal” où le jeu est au service du texte, là, c’est la parole qui est au service du jeu », dit Mlle Dorion.

La nuance est plus vite énoncée qu’admise. À l’envie fervente de cette création collective a suivi le doute. La pensée résistait, de quoi allait-on parler ?

« Marc nous rassurait : si vous l’avez dans le cœur, ça va sortir en impro, dit la comédienne qui a grandit dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Notre spectacle est comme un melting pot de ce qui nous habitait quand on a improvisé les scènes. »

Travailler sur soi

Grande fille intense habitée par une foule d’intérêts et « la phobie de perdre mon temps », Catherine Dorion avoue avoir commencé à aimer le théâtre au Conservatoire même. « C’est là que j’ai vu comme ça pouvait être dense, que j’ai compris ce que c’est que de travailler avec le matériau le plus mouvant et le plus difficile à contrôler, ton propre être. »

À défaut de comédie, elle se serait dirigée vers le baccalauréat en relations internationales. Après des études collégiales en lettres, elle est partie en Europe en se disant que ses auditions dans les écoles de théâtre resteraient vaines. Elle ne croyait rentrer que dans six mois, il lui a fallu rappliquer quatre mois plus tôt, le CADQ l’acceptait.

Elle a joué jusqu’ici dans Cul sec, d’Archambault ; George Dandin, aux Fêtes de la Nouvelle-France et dans Phèdre et autres labyrinthes, de Ximena Escalente, à Premier Acte. Elle fera ses débuts au Trident la saison prochaine. À la télé, elle joue dans L’Auberge du chien noir. À la fin de la présente saison, au Périscope, elle évoluera dans un autre théâtre, Les Cercueils de zinc, pièce écrite par Svetlana Alexievitch à partir de témoignages de soldats soviétiques engagés en Alghanistan. Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt est une création du Théâtre le Soucide collectif scénographié par Virginie Leclerc et Vanessa Cadrin. Jean-Michel Déry assure l’assistance à la mise en scène. À l’affiche jusqu’au 8 avril. Réservations au 643-8131.


VOIR

http://www.voir.ca/artsdelascene/artsdelascene.aspx?iIDArticle=40854

6 mars 2006


L'attaque des clowns
Josiane Ouellet

Marc Doré: «C'est une sorte de jeu de massacre, mais assez joyeux quand même, assez sportif.»

Connaissant le penchant de Marc Doré pour le jeu clownesque, trois de ses anciens étudiants du Conservatoire l'ont invité à monter un spectacle. Improvisation mixte.

Alors qu'ils avaient envie de travailler le jeu clownesque, Serge Bonin, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon ont eu l'idée de faire appel à Marc Doré, leur ancien professeur en la matière, pour diriger un projet y étant consacré. "C'est le jeu, c'est-à-dire que c'est l'acteur roi, lance le metteur en scène à propos de ce qui l'attire dans ce type de théâtre. Comme on part d'improvisations, le jeu nous guide. On dit qu'il est plus intelligent que l'acteur. Donc, il s'agit de le laisser aller." Pour ce faire, il suffit de mettre les comédiens en présence. "Par le fait qu'il y a quelqu'un dans un espace et qu'un autre arrive, il y a tout de suite une situation, explique-t-il. On ne s'est jamais dit: "On aimerait parler de tel ou tel sujet." Moi, mon attitude, c'est: "Si vous avez des choses importantes à dire, elles vont sortir, il ne faut surtout pas le décider." Alors, c'est de mettre l'inconscient en marche. Comme a dit quelqu'un: "Les pièces, on devrait les répéter d'abord et les écrire ensuite." Eh bien, c'est ce qu'on a fait!" s'exclame-t-il avant de poursuivre: "Et comme j'avais affaire à trois comédiens-auteurs, ça ajoute une certaine qualité, c'est-à-dire qu'après les improvisations, on peaufinait les scènes en les écrivant. Moi, ma job, c'était de les garder à l'intérieur de la proposition, de la pousser plus loin et d'avoir un oeil sur l'écriture pour enlever les scories."
Ainsi naissait Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, spectacle

dont l'appellation, datant de l'époque des demandes de subventions, n'a pas vraiment de rapport avec le contenu. "Dans la nouvelle affiche, c'est barré, et en dessous, il y a quelqu'un qui a rajouté: "Il a bien le droit", pour montrer qu'on s'en fout pas mal de ce titre-là", commente-t-il. En fait, il ne leur serait probablement pas beaucoup plus aisé d'en trouver un aujourd'hui, la production demeurant pour le moins difficile à décrire. "C'est assez disjoncté, résume-t-il. Ce n'est pas une pièce... Enfin, c'est peut-être une pièce, mais ce n'est pas construit comme une pièce. On déstructure un peu la façon habituelle de faire du théâtre. Mais c'est un spectacle de théâtre puisqu'il y a des acteurs, du mouvement, un peu de danse et de l'humour, aussi. C'est à la fois léger et grave. Par contre, il n'y a pas d'histoire et pas vraiment de personnages, mais les thèmes, c'est la difficulté d'être là et l'accumulation de gadgets. N'empêche, ce dont on parle, on l'a camouflé. Parce qu'autrement, les évidences, les clichés, tout le monde s'y retrouve un peu facilement. Ici, il y a un petit effort à faire de la part du spectateur. Il est convié à utiliser sa créativité. Aussi, comme il n'y a pas de personnages, on joue avec le temps, on casse le temps." Enfin, ce spectacle court, qu'il a voulu rythmé et axé sur le mouvement, se déroule autour d'un amas d'objets, structure dans laquelle les comédiens vont piger ce dont ils ont besoin. "C'est comme les déchets de la société, c'est un peu trash", ajoute-t-il. Expression qui, entre l'éclectique et le décapant, semble également bien s'appliquer à ces clowns. À ne pas confondre avec ceux du cirque.

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